mardi 25 octobre 2016

« Ubayubaye ! », de Jean-Marie Alfroy



Publié dans la collection Lieu d'Encres vives », « Ubayubaye !»  est le récit poétique de randonnées effectuées par l'auteur dans les Alpes du Sud, près de la frontière italienne.

Je retrouve dans ce recueil ce qui caractérise le style de Jean-Marie Alfroy, une représentation qui n'en reste pas aux images, mais va vers la musique, par le recours à l'incantation, tout particulièrement à travers le poème-phare de ce cycle qui en appelle à l'Ubayubaye, à travers justement, le terme de « chant ».

D'ailleurs tout le texte est construit sur le modèle des formes musicales : "chant », mais également, « intermèdes », « récitatif » et « coda ».

Et bien souvent, les vers prennent alors la forme de versets, comme ces rivières (telle l'Ubaye) qui, emporteraient tout sur leur passage.

Parfois, par une exception qui confirme la règle, les poèmes se font plus elliptiques, comme dans les « Intermèdes » de la partie centrale du texte.

Mais, même lorsque les vers se raccourcissent, il y a toujours ce dynamisme, cet instinct de révolte qui donne au poème sa puissance.

Extrait de « Ubayubaye », la « coda » finale :

« On ne quitte pas une vallée comme on quitte une plaine à blé
on se glisse sans fierté contre des parois rocheuses qui suintent de larmes
incomprises
et au col in ne se retourne pas vers ceux qu'on pense avoir trahis
on plonge dans le bain des territoires en se disant que c'est fini
qu'il n'y aura plus de pics à définir, de crêtes à dessiner
sur le grand mur des jours et des saisons

On quitte une vallée comme on quitte une Ariane sur son rivage
parce que des Athènes attendent qu'on revienne se perdre dans le grand troupeau
parce qu'on croît être plus fort de porter l'uniforme des citadins bleuis et noircis par les textiles internationaux

On se quitte soi-même et on meurt comme on n'a jamais cessé de le faire
depuis le berceau

On se console en revivant la course des eaux depuis les neiges des
frontières
jusqu'à leur effacement ans le grand lac construit par les hommes
à cause de leur soif de lumière et de propreté
alors qu'ils errent depuis toujours dans leur ignorance et leur saleté
morale

On se console parce qu'il est dans la nature de l'homme de se consoler. »

Pour vous procurer « Ubayubaye », de Jean-Marie Alfroy, qui est vendu au prix de 6,10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://encresvives.wix.com/michelcosem

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