samedi 19 mars 2016

"Vie imaginaire de Maria Molina de Fuente Vaqueros", de Samaël Steiner


Je sais bien que nous ne sommes qu'au mois de mars, mais "Vie imaginaire de Maria Molina de Fuente Vaqueros", de Samaël Steiner, qui vient d'être publié aux éditions de l'Aigrette, est sans doute le meilleur recueil de poésie qu'il m'ait été donné de lire en ce début d'année. 
Entendez par là tout simplement que c'est le texte qui m'a procuré le plus de plaisir à sa lecture depuis plusieurs mois.
En effet, la plupart du temps, pour le lecteur, c'est chaque poème qui fait la poésie.
Eh bien là, non ! Car dans cette "Vie imaginaire de Maria Molina", tout est errance délicieuse, passage et transformation. Jusqu'au sexe de Maria qui va évoluer avec l'avancement du livre. Et la poésie naît, comme dans un film, de cette succession de séquences qui s’interpénètrent entre elles, malgré leur apparente séparation, créant une sensation de rêve éveillé.
Le texte, dans son aspect formel, est lui-même créateur de rêve, car s'y succèdent les citations en italique, insérées comme des collages, et les mises en incise au cœur du vers, qui surprend par son ampleur.
Enfin un poète qui n'a pas le souffle court, ai-je envie de dire. Ce n'est pas si courant. C'est bien pour cela que je le signale. Avis aux éditeurs !...

Extrait de "Vie imaginaire de Maria Molina de Fuente Vaqueros" de Samaël Steiner :

"10.

Tous mes manteaux sont étendus là, sur le sol.
Au ciel déjà je vois venir les étoiles des premières heures.
Je veux maintenant aller nu.
Traverser la ville le sexe bandé et sentir que plus rien n'est une frontière entre ce monde et moi,
et courir jusqu'à ce que le corps se dresse et dise : Assez !
J'ai soif !
J'ai faim !
C'est cette course qui, corps entier, exprime notre amour.

Quand finissent les arbres,
la distance a depuis plusieurs heures évincé les fenêtres des villes.
Le corps dans sa sueur porte le monde
et se vide au bord d'un champ.
Reste la colère de vivre,
tenant rieurs les yeux.
Celle-là même que je sens entre les lames de tes os,
lorsque j'entends tourner le cheval dans ta cage thoracique.

Mes yeux sont ouverts au fond d'un vase, ils te regardent,
au milieu de têtards noirs et de petites pierres
et l'eau est opaque à tes regards
impénétrable, sinon à la main
ou alors accroupie,
avec ton ventre tu peux la boire,
au matin en découvrir les fruits
blancs dans l'aube blanche (...)".

Je précise que la couverture est une peinture de Lionel Soukaz et que le livre contient des photos de Samaël Steiner.

Pour en savoir sur "Vie imaginaire de Maria Molina de Fuente Vaqueros", de Samaël Steiner, vendu au prix de 16 €, rendez-vous sur la page facebook de l'éditeur: https://www.facebook.com/EditionsdelAigrette/

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