dimanche 1 février 2015

"Rigoler avec une pantoufle", d'Alfonso Jimenez


Lire la poésie d'Alfonso Jimenez est toujours un gage de réconfort. Et si la sagesse s'apprenait à travers la personnification des objets et des animaux ? Comme si le fait que les choses prennent notre relais après notre mort était une consolation... 
En tout cas, c'est tout de même une vérité, puisque certaines choses, même non recyclables, se perpétuent longtemps...
Dans les poèmes de "Rigoler avec une pantoufle", elles y gagnent une âme. Et en échange, l'homme n'est plus cet absolu agaçant. Il apprend à être attentif à ces choses, à ces bêtes auxquelles il transfère sa sensibilité.
Alfonso Jimenez, même si c'est faux, reconnait volontiers laisser aller sa plume, comme si celle-ci était sur une piste d'envol ! Ainsi, les poèmes (en vers ou en prose) prennent l'allure d'une promenade, et surtout, ils racontent une histoire. Jamais vraiment actuelle, jamais vraiment démodée. 
Au détour d'un vers, le lecteur est surpris par une image qui arrive comme un cheveu sur la soupe. 
 
Voici par exemple, "C'est dur à dire" :
 
"Un cheval est tombé dans un précipice, les quatre fers en l'air, les yeux exorbités, la langue pendante.
 
C'est un moineau qui m'a dit ça, avec gravité.
 
Si vous dégringolez dans un escalier parce que vous avez loupé une marche avec un petit coup dans l'aile, vous ne vous envolerez pas, c'est sûr, vous vous écraserez tel un sac de patates surtout si vous êtes obèse autour d'un gros ventre disgracieux, vous n'aurez pas la dignité d'un cheval s'abîmant dans un précipice ! C'est dur à dire, mais que faire d'autre ?
 
Tout est dans le style, la manière, le savoir-faire.
 
Vous n'êtes pas un cheval, votre escalier n'est pas un précipice !
 
Pas de chance !
 
Nous sommes condamnés à vivoter au ras des pâquerettes, sans gloire ni fortune, à la merci d'une moindre entorse à la cheville, il faudra s'y faire !
 
Certes, c'est dur à dire !" 
 
A noter également les illustrations précises et fouillées de Phil Fax, alias Philippe Lemaire.
Pour vous procurer ce livre d'Alfonso Jimenez, vendu au prix de 10 €, une seule adresse : http://grostextes.over-blog.com/

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