samedi 10 octobre 2015

"Fer cranté", de Christophe Lévis


Ce qui surprend et ce qui me plait dans "Fer cranté", c'est surtout la puissance d'écriture dont fait preuve Christophe Lévis.
Il est très rare de lire en poésie des textes qui ont la force d'un coup de poing. Cela me manque parfois, car je ne suis pas persuadé que la poésie doive être le royaume de la douceur (pas plus que le rock, par exemple)...
En voici un exemple :
"(dans les soubassements de l'hypocrisie
on déraisonne à tort
sur la contrefaçon
des sens
leurs subjectivités parviennent à nous faire croire
que les cimes s'atteignent un jour
dans l'arrachement
d'un grain de paix soyeux
dans la rotonde cerclée de feux
qui s'abîme sous tes ongles sanglants...)"

En apparence, les poèmes ici publiés évoqueraient plutôt une lutte à mort qui se poursuivrait indéfiniment dans des catacombes, outre-tombe même.
Mais en définitive, le lecteur s'aperçoit peu à peu que cet enfermement est symbolique et qu'il nous touche tous.
Ainsi, Christophe Lévis s'en prend surtout aux conventions sociales, qui nous empêchent de dire ce que nous pensons, et plus grave encore, d'être ce que nous sommes. Le supplice vécu serait donc celui de la tyrannie des apparences :

"(comment dire le mal
certains le font très bien
et parlent fort et acerbe

de petites piques sur ces langues fières

les cerbères dévissent
dévident
des pavés dans la mare

le canard est mort

ils viendront cracher
sur son corps
et marcher dans la merde
le sang et la mitraille
accrochés à ses ailes)"

A cet égard, la conclusion laisse l'espoir d'une rédemption, qui cette fois-ci encore, ne serait pas forcément d'outre-tombe :

"(Après que deviendrons-nous ?
Qui s'occupe de nos cendres, de nos galimatias ?
Qui pourfend la tonsure, qui pourfend cette horreur ?
Qui se lève un matin en préférant offrir plutôt que succomber ?
Nous sommes en chemin...)"

Pour vous procurer "Fer cranté", vendu au prix de 6,10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://encresvives.wix.com/michelcosem

La couverture du recueil est d'André Falsen.

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