vendredi 20 juillet 2012

"Copeaux d'un cirque", d'Etienne Paulin



Quelle écriture que celle d'Etienne Paulin ! A une époque où dans leur quête de la simplicité, pas mal de poètes adoptent un style plus journalistique ou se bornent à ne pas sortir d'un lyrisme plus apaisé, l'auteur dessine un trait d'union avec toute une époque glorieuse.
Et là j'évoque le nom de Rousselot, car ces poèmes-ci évoquent la puissance des meilleurs vers de cet auteur déjà oublié. Aucun doute là-dessus : les textes d'Etienne Paulin ont de l'allure, de l'exigence, un vrai port de tête. Ici, les images poétiques ne sont pas qu'un prétexte. Qu'est-ce ça change des têtes baissées dans le quotidien !
Dans ces poèmes, il est beaucoup question du poème, ce qui ne me plait pas d'ordinaire (l'écriture sur l'écriture !), mais là il s'agit d'une exception car l'auteur parle surtout, me semble-t-il, des limites de la poésie, notamment par rapport à la musique. Le grand mot est lâché, le mot important. La musique dans la poésie, c'est essentiel non ? Eh bien ici, il y en a.
La suite du recueil est plus énigmatique, Etienne Paulin s'évade de l'écriture dans les souvenirs ou dans d'improbables voyages, pas franchement distrayants, ce qui me fait plutôt plaisir ! Et la boucle n'en sort pas bouclée...

Voici un poème témoin :

"CŒUR NET

je t'aimais dans l'autre enfance la dernière

le paradis depuis s'est répandu
les miracles sont fréquentés
nos oncles meurent ou sont morts

pourtant la vie musquée chantante
dans les villes terriers de nos paupières

entends ce carillon posthume et soigne-le
comme la patte d'un insecte"

Mention spéciale pour les couvertures des recueils de poètes en potager (celle-ci est de Dominique Fournil). Cela donne envie de lire de la poésie ces couleurs claires et ces fleurs, et dire qu'en fait, en arrière-plan, il y a juste un brouillon de poème !...

Pour en savoir plus sur ce recueil (et les autres !), allez faire un tour sur le blog des éditions et de la revue Contre-allées http://contreallees.blogspot.fr/

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